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Colloque exceptionnel à Metz le vendredi 24 novembre 2023

Le SNALC Lorraine a eu l’honneur et le plaisir d’accueillir, lors de son congrès à METZ du 24 novembre 2024 Arnaud Fabre et Nicolas Gliere, professeurs de lettres et auteurs du livre brûlot : Ecole. Le crépuscule du savoir, Ed. Michalon, 2023.

C’est une salle comble qui a réservé un accueil très chaleureux à Nicolas Gliere, professeur de lettres modernes l’enseignement privé à Paris, et Arnaud Fabre, professeur agrégé de lettres classiques dans l’enseignement public dans le Val-de-Marne. Forts de leur expérience sur le terrain, les deux professeurs, par ailleurs militants syndicaux, administrateurs et porte-paroles du mouvement des Stylos Rouges sont venus présenter leur livre Ecole : Le crépuscule du savoir, un essai corrosif et sans concession sur la crise que traverse l’Ecole dans notre pays. 

Nicolas Gliere et Arnaud Fabre ont tout d’abord rappelé et explicité les raisons qui ont mené l’Education Nationale à ce qu’il faut bien appeler un naufrage :  l’application excessive des sciences de l’éducation et donc les dérives du pédagogisme confinant à l’absurde, l’étroitesse d’esprit d’une hiérarchie soumise à un management brutal – dont les ressorts sont la peur et la culpabilisation – et le durcissement d’une administration fixée sur des objectifs de réduction des coûts. Les différentes réformes mises en place par les gouvernements qui se sont succédés depuis quatre décennies témoignent toutes d’une vision court-termiste à caractère néo-libéral et de la déconnexion des responsables politiques d’avec la réalité. Les conséquences de cette situation sont désastreuses et connues de tous : nombre de démissions de professeurs en hausse, crise de recrutement sans précédent, baisse générale du niveau d’exigence, dépréciation des diplômes délivrés par l’Institution… Les élèves et les étudiants, ayant perdu le goût de l’effort et le sens de la discipline, sont de moins en moins enclins à faire preuve d’esprit critique. Mais, peu importe au fond, ils seront la main-d’œuvre corvéable à merci du marché ultra-libéralisé de demain. 

Dans leur livre, nos deux auteurs n’épargnent ni certains parents, dont le rôle ambivalent est souligné, ni les syndicats majoritaires englués dans une idéologie d’un autre âge, ni certains enseignants eux-mêmes qui, bien que déconsidérés, semblent dans leur globalité accepter par lâcheté ou par « misérabilisme pédago-compatible » le déclassement qu’ils subissent.  Car quand réalisera-t-on que le métier n’attire plus précisément en raison des niveaux de rémunération extraordinairement bas dans l’Education Nationale et qu’il en découle un grand nombre des maux dont souffre l’Ecole ? Quand admettra-t-on qu’une réelle revalorisation des salaires ainsi que la restauration est à même de rendre au métier de professeur son prestige d’antan et de redonner aux professeurs l’estime de soi dont ils manquent cruellement ainsi que l’envie d’exercer pleinement leur mission ?

Nicolas Gliere et Arnaud Fabre n’ont pas simplement synthétisé leur ouvrage et répondu aux nombreuses questions de l’assemblée – le colloque s’est alors mué en un débat-citoyen où chacun a pu s’exprimer librement et sans langue de bois.  Malgré les raisons légitimes de s’inquiéter du devenir du système scolaire français et, au-delà, de l’avenir de notre pays, les participants au congrès ont aussi trouvé des motifs d’espoir dans les propositions concrètes et applicables à très court terme qui closent le livre :  des alternatives existent, une autre école est possible car il est possible de traiter autrement les personnels et les élèves. Cependant, il est plus que jamais nécessaire de remettre au centre du système les enseignants ainsi que leur mission première qui est la transmission des savoirs. La tâche est ardue, alors qu’au fil du temps l’Ecole s’est précisément déconnectée du savoir. Ce devrait être la priorité des responsables politiques mais chacun de nous peut œuvrer à son niveau avec les compétences qui sont les siennes pour faire évoluer et changer l’école. L’engagement syndical a ici toute sa place et sa raison d’être. Ne subissons plus le système, devenons les acteurs d’un changement majeur plus que jamais nécessaire :  tel est l’un des messages porté par Le crépuscule du savoir.

Après une séance de dédicaces et une pause-déjeuner bien méritée, nos congressistes ont assisté l’après-midi à un atelier-coaching dédié à l’autorité chez l’enseignant : animé par Anne-Charlotte Kiener, professeur de Lettres et coach diplômée, responsable bien-être et motivation au travail du SNALC Lorraine, cet atelier les invitait à réfléchir à leur posture en tant qu’enseignants et aux piliers sur lesquels appuyer leur autorité. Une démarche ô combien salutaire à un moment où l’autorité du professeur est régulièrement remise en cause par les élèves, les parents et la hiérarchie elle-même qui recourt encore trop souvent aux techniques de management dégradantes que sont l’infantilisation et l’intimidation. A n’en pas douter, la restauration de l’autorité du professeur est aussi l’un des éléments qui permettra au système de ne pas sombrer définitivement.

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