Iannis Roder, avec Alain Seksig et Milan Sen, Préserver la laïcité
Éditions de L’Observatoire, mars 2024.
Quel visage aurait aujourd’hui l’École sans la Loi de 2004 ?
Le livre de Iannis Roder, co-écrit avec Alain Seksig et Milan Sen, esquisse la réponse. En retraçant l’historique des événements qui ont conduit l’État à légiférer sur les tenues et signes religieux ostensibles à l’école publique, Préserver la laïcité donne à saisir le sens profond de cette loi et fait prendre toute la mesure de ses enjeux.
Jusqu’en 1989, la laïcité, comprise comme le fondement de l’École républicaine, semble aller de soi, lorsqu’éclate en cette année l’affaire dite des foulards de Creil qui constitue le premier assaut de revendications religieuses dont la visée politique échappe à la majorité des observateurs comme des gouvernants.
Sur fond de résonance médiatique retentissante, le débat embrase alors toute la société. Passées les temporisations du politique, l’arbitrage du Conseil d’État entérinera le statu quo. La conséquence ? Une application inégalitaire de la laïcité sur le territoire et de nombreux chefs d’établissement à la merci de pressions locales, comme le montrera, près de quinze ans plus tard, le rapport de la commission Stasi qui aboutira à une proposition de texte législatif.
La loi, dont le caractère général est fidèle à l’universalisme promu par la laïcité, rencontre une réussite immédiate du fait qu’elle répond à la fois à un objectif d’apaisement du climat scolaire et de protection des élèves contre le prosélytisme religieux.
Où en sommes-nous vingt ans après ? Les auteurs alertent sur les attaques récentes contre la loi : elles montrent que rien n’est acquis auprès d’une jeunesse dont la perméabilité à l’idéologie anglo-saxonne produit une incompréhension de la laïcité et un attachement au droit à la différence qui font le lit d’un intégrisme religieux offensif.
De l’avis du SNALC, le ministère serait bien inspiré de rendre ce livre accessible à l’ensemble des personnels en le diffusant dans toutes les écoles et établissements de France. Formateur par son contenu et la qualité remarquable de son analyse, l’ouvrage revêt une valeur pédagogique qui se double d’une utilité publique car il concourt à préserver une de nos libertés les plus fondamentales : la laïcité.