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Déclaration liminaire à la CAPA de refus de titularisation des professeurs agrégés stagiaires du 13 juin 2024

Le SNALC souhaite tout d’abord adresser ses remerciements aux services du rectorat pour l’envoi des documents préparatoires en amont de cette CAPA.

Le SNALC a toujours défendu les agrégés et l’Agrégation, concours exigeant, garant d’une haute maîtrise disciplinaire.

Le SNALC rappelle à l’occasion de cette CAPA l’ampleur du déclassement dont sont l’objet les agrégés depuis plus de trente ans : celui-ci est à la fois financier et statutaire.

Déclassement financier car paradoxalement, bien que mieux rémunérés que les autres corps enseignants, ce sont les agrégés qui ont subi le déclassement le plus important, au point que l’intérêt financier à passer le concours n’est plus suffisant pour les étudiants, et s’est réduit également pour les professeurs titulaires qui souhaitent évoluer dans leur carrière.

Depuis le plan Durafour de refonte des grilles de traitement des fonctionnaires (lors accords de février 1990), les professeurs agrégés ont connu un déclassement ininterrompu et sans équivalent pour aucun autre corps de la fonction publique d’État.

Tous les corps avec lesquels les agrégés avaient la parité indiciaire (IPR, colonels, administrateurs civils, commissaires divisionnaires…) ont obtenu à ce moment l’accès à l’échelle lettre B ; les agrégés ont attendu 2017 et le PPCR, qui leur a pris d’une main ce qu’il donnait de l’autre ! Les IPR et même les IEN ont déjà obtenu la HEBbis, ainsi que les colonels et les commissaires divisionnaires ; les personnels de direction des EPLE y auront quant à eux accès au 1er janvier 2025. Pour les agrégés, il n’en est pas question actuellement.

Le déclassement s’est produit non seulement par rapport aux corps équivalents des autres ministères, mais également au sein même du ministère de l’Éducation nationale, puisque tous les corps d’enseignants, ont vu leur situation s’améliorer au niveau indiciaire de manière significative, à l’exception des agrégés !

En 1990, un enseignant A-type terminait sa carrière à l’indice majoré (IM) 740 et un agrégé à l’IM 960 ; en 2023, c’est 977 pour le certifié, PLP, PE, P.EPS… et 977 aussi pour l’agrégé s’il n’obtient pas la classe exceptionnelle. Si l’on considère la période qui précède la création de la hors classe des certifiés jusqu’à nos jours, l’IM sommital est passé de 650 à 977, soit une augmentation de 50 % environ pour ce corps d’enseignants (ce dont le SNALC ne peut que se réjouir), alors que dans le même temps, l’indice terminal des agrégés est passé de 960 à 1072 soit une augmentation de seulement 11% !

Il faut souligner aussi que lorsqu’on augmente des indemnités de manière forfaitaire (d’un même montant quel que soit le corps) comme ce fut le cas de l’ISOE part fixe portée à 2550€ ou de la prime Grenelle, les agrégés sont proportionnellement moins revalorisés. De même, l’octroi de points d’IM de manière uniforme (comme les 5 points ajoutés au 1er janvier 2024) ne leur est pas favorable, puisqu’en %, ils reçoivent moins que les autres corps.

Pour rappel, jusqu’à la session 1988, un professeur agrégé n’était pas stagiaire, mais en stage et titularisé dès la réussite au concours. Les agrégés ont perdu en 1989 cette particularité pour devenir agrégés stagiaires lors de l’année scolaire 1989-1990 dans les Centres Pédagogiques Régionaux (attaque directe sur leur statut). Mais si l’on peut admettre qu’un agrégé sortant de l’université et n’ayant jamais enseigné subisse ce sort, plus incongru est le fait qu’on nomme stagiaire, après sa réussite aux épreuves du concours interne (ou externe) de l’agrégation, un certifié expérimenté qui donne entière satisfaction dans ses classes, alors que le même aurait été agrégé titulaire s’il était passé par la liste d’aptitude. C’est tout le contraire de la version initiale du statut de 72, où les recrutés par liste d’aptitude effectuaient un stage probatoire avant titularisation dans le corps des agrégés ! Cela constitue la 1re attaque directe du concours d’agrégation, suivie de bien d’autres depuis.

Quant au déclassement statutaire des agrégés, il se poursuit dans le projet de décret, présenté au Comité social ministériel le 7 mai dernier, qui prévoit une modification du statut des agrégés dont la carrière se verrait déconcentrée.

Pour le SNALC, il n’y aucune urgence ni aucun besoin de déconcentrer la carrière des professeurs agrégés. La gestion nationale a, au contraire, de nombreuses vertus, notamment dans l’équilibre entre les disciplines.

C’est pourquoi le SNALC votera contre le texte du ministère, qui constitue un énième affaiblissement d’un concours qu’il conviendrait plutôt de valoriser.

Dans la même réformite frénétique qui s’inscrit à contre-courant de toute ambition pour l’École, le projet de formation initiale qui rétribuerait les lauréats du concours au rabais (900 euros mensuels, remboursables si le professeur venait à quitter l’Éducation nationale dans les quatre années suivant l’obtention du concours), ce projet montre le mépris de l’Institution envers les concours en général dont celui de l’Agrégation. Il contribue à la perte du peu de restant d’attractivité du statut d’agrégé dans le contexte actuel d’une Éducation nationale exsangue qui ne parvient plus à recruter suffisamment de professeurs par la voie des concours, abandonnant peu à peu nos métiers à la contractualisation. Avec, à l’horizon, une précarisation des professeurs.

Sur le plan idéologique, la récente « concertation » sur l’autorité menée par le ministère devrait s’inspirer en premier lieu des vertus que promeut l’Agrégation à cet égard : en effet, un professeur agrégé fera autorité auprès de ses élèves, sera écouté de ces derniers, précisément parce qu’il est expert de sa discipline. Car c’est en étant un spécialiste de haut niveau des savoirs et en ayant étudié dans le détail les complexités d’un sujet qu’on trouve les ressources pour répondre aux questions improvisées, guider les apprentissages, concevoir des enseignements de qualité. Une autorité qui n’est pas fondée sur du savoir n’est qu’une revendication narcissique, et qui suscite des rébellions narcissiques. 

Non, décidément, pour le SNALC, le professeur agrégé n’est pas un « animateur » de « situations d’apprentissage », pour reprendre une formulation d’un des critères de compétences professionnelles à l’aune desquelles sont évalués nos collègues agrégés. Un professeur agrégé enseigne un savoir. Or, nos savoirs constituent à la fois ce qui fonde notre autorité en classe, mais aussi le cœur de notre profession. Les réformes conçues sans prendre en compte cet élément fondamental sont vouées à l’échec, car elles sapent l’autorité des enseignants en niant leur expertise professionnelle.

C’est de cette expertise professionnelle et disciplinaire, indispensable pour promouvoir l’émancipation des élèves, dont il est question aujourd’hui. Le SNALC forme le vœu que l’examen des dossiers de nos collègues agrégés se fera à la lumière de leur contribution à l’école de la République.

Merci de votre attention.

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