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Grandes réformes et rituels de rentrée : entre révolution et immobilisme

© iStock_thodonal-482634698

La rentrée des classes est traditionnellement un temps d’annonces médiatiques pour le ministère de l’Education : comment et pourquoi, cette année, la politique mise en place sera meilleure que les précédentes ? Les changements annoncés, dont la mise en place concrète n’est d’ailleurs pas indiquée ni pilotée, se heurte sur le terrain, dans de nombreux établissements, à un traditionalisme des rites de rentrée qui est souvent à contre-courant du bon sens, du progrès social, et du bien-être des personnels.

Car la période de la rentrée est difficile pour tous les personnels. Il ne s’agit pas de reprendre simplement le chemin de l’école après les vacances, non : il s’agit souvent de jongler avec des injonctions et des changements de dernières minutes, de mettre en place l’organisation scolaire, professionnelle, personnelle, familiale de toute une année en quelques jours, et sans qu’aucune anticipation n’ait été possible.

On ne peut jeter la pierre à personne : si Gustave n’a pas de nounou pour le prendre en charge à 7h du matin le jour de la rentrée lorsque sa maman professeur part travailler au lycée où elle commence à 8h, ce n’est pas faute de bonne volonté. La maman de Gustave avait bien sûr indiqué sur sa fiche de vœux (elle a déjà de la chance d’en remplir une !) qu’elle souhaiterait ne pas avoir cours à 8h car comme c’est l’heure d’ouverture de la crèche, c’est compliqué. Le proviseur-adjoint de la maman de Gustave a bien sûr essayé de respecter ce vœu, mais les contraintes d’emploi du temps ne lui laissent guère de marge de manœuvre. Les emplois du temps n’ont pas pu être envoyés avant la pré-rentrée aux professeurs du lycée de la maman de Gustave, qui sinon ce serait mise en quête d’une nounou plus tôt, car ils n’étaient pas terminés : on ne savait pas encore, jusqu’à la veille de la pré-rentrée, entre quels établissements certains collègues TZR ou contractuels devraient « se partager », ce qui induit en dernière minute de gros changements dans les emplois du temps… Et si c’est difficile pour la maman de Gustave, ce n’est pas mieux pour ces collègues, ce peut même être pire, ils n’ont rien pu prévoir, ni rendez-vous médical important à prendre très à l’avance, ni achat de véhicule, ni recherche de logement, etc.

Et ces organisations de dernière minute, très chronophages, sont mises en concurrence avec des rites de rentrée qui parfois semblent sortis d’un autre temps : la grande plénière de 3h, où tout le monde parle sans écouter l’orateur, alors que tout le monde a tant à faire (les premiers cours, les photocopies, les listes de classe, la nounou, etc.) ; le conseil d’enseignement pour redire ce qu’on a dit à celui de juin ; la réunion de l’équipe pédagogique qui met au point le projet X, car il faudra « se redire le calendrier » (que tout le monde a reçu dans sa boîte mail en mai dernier). Et pour ces dernières mises au point, ce sont des temps dédiés très longs, sur site, et une grande méfiance face à la visioconférence, par exemple, qui pourrait permettre de garder Gustave ET de suivre la réunion de redite du calendrier, mais qui laisse supposer que la maman de Gustave est chez elle, et donc ne travaille pas vraiment.

A l’heure où la visioconférence se développe dans les entreprises pour faciliter la vie des employés (malgré ses écueils d’ailleurs, connus des professeurs depuis longtemps), à l’heure où la question des trajets domicile-travail se pose en termes d’écologie, le système de l’éducation s’attache à des modalités de réunion qui n’ont plus lieu d’être, et néglige d’aménager des temps qui seraient nécessaires au « travailler mieux ». Ce n’est pas faute de bonne volonté, c’est faute de temps pour une vraie réflexion, c’est faute d’une vraie réflexion politique sur l’école et les métiers de l’éducation.

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