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La « démocratisation des études supérieures » : trompe-l’œil ou cache-misère ?

© pixabay.com_man
À écouter nos dirigeants, nous ne pouvons que nous réjouir de ce qu’ils ont choisi d’appeler « la démocratisation » des études supérieures. On comprend derrière cette expression, d’aucuns diraient cet « élément de langage », qu’un nombre croissant de bacheliers accèdent à ce qui naguère n’était que l’apanage d’une élite. On pourrait en effet s’en réjouir, car après tout, permettre à tout-un-chacun de s’instruire et se cultiver, n’est-il pas le cœur même de notre métier ?

Au fil des ans (j’exerce en IUT depuis 2003, en Techniques de Commercialisation principalement), il m’a été donné d’observer que cet accès aux études supérieures – dans une filière sélective, avec inscription sur dossier – perdait peu à peu de son sens. Les nouveaux bacheliers arrivent sur les bancs de nos amphithéâtres avec des connaissances qui vont en s’amenuisant, personne ne s’en étonnera, mais aussi avec une nouvelle forme de certitude, bien ancrée dans leurs esprits. Autrement dit, après avoir passé trois années au lycée, et en poche le baccalauréat, autrefois précieux sésame qui ouvrait les portes de l’Université, ils sont convaincus que ces deux années qui les préparent au D.U.T. (bientôt Bachelor universitaire de technologie – en trois ans), se dérouleront de la même manière. Je viens, je m’assois, j’attends que les heures passent, et quand tous ces profs auront fini leurs interminables « blablas », je serai diplômé. Fondamentalement, ils n’ont pas tout à fait tort, car le tout-puissant Ministère surveille nos résultats, ou plus exactement, nos statistiques, à la loupe. Un faible taux de réussite ne saurait être toléré, cela va sans dire.

L’évaluation par compétences mise en place depuis longtemps se trouve ici dévoyée. Dans l’absolu, se détacher de la sacrosainte « note » pour plutôt s’assurer que le futur employé est bel et bien à la hauteur des attentes de son futur employeur, est plutôt une bonne idée, et confère à l’ensemble un côté concret qui ne peut que plaire à nos étudiants. Dévoyée, disais-je, car cette évaluation et la note qui valide la compétence, représente à elle seule, l’accomplissement ultime vers lequel l’étudiant pense qu’il doit tendre. Aussitôt évalué, les connaissances inhérentes à la compétence passent à la trappe, et l’étudiant se concentre sur le prochain « obstacle » à franchir, la prochaine évaluation, la prochaine note.
En mettant en œuvre quelques « stratégies » de compensation, bon an, mal an, l’étudiant chemine vers l’obtention de son diplôme.
Si lui vient l’idée de poursuivre ses études vers une école de commerce par exemple, il devra, courant avril de sa seconde année, subir divers concours, dont les résultats lui ouvriront (ou pas) les portes de sa licence, ou bachelor, ou que sais-je encore. Parfois, à ce moment, certains ouvrent les yeux, et comprennent qu’au prix d’un « bachotage » effréné, leurs rêves peuvent encore devenir réalité.

Dans le même ordre idée, et concerné au premier chef, car il s’agit de la matière que j’enseigne, les relevés de notes de ces futurs diplômés devront faire mention de leur niveau d’anglais. Il s’agira d’un score TOEIC™ ou équivalent, selon le cadre européen de référence pour les langues (CECRL).

Ceci inscrit dans le parcours universitaire, une pratique déjà en vigueur dans les entreprises depuis de nombreuses années. Le « diplôme » n’étant plus le garant d’un « niveau » confirmé pour les lauréats, d’autres méthodes sont mises en œuvre pour vérifier les « compétences » de ces jeunes diplômés.

Vincent, professeur certifié

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