Le SNALC reçu par le Recteur de l'académie de Nancy-Metz
Le 13 décembre 2024, le SNALC, représenté par Mme Solange DE JESUS, responsable nationale du SNALC chargée des principes et valeurs de la République et présidente du SNALC Lorraine, Mmes Dominique MANNS et Marie-Christine LOEUILLE, respectivement Secrétaire et Trésorière du SNALC Lorraine, a été reçu en audience par Monsieur le Recteur Pierre-François MOURIER, par Mme Marie-Laure JEANNIN, Secrétaire générale, et par Mme Anne BOYER, Directrice de cabinet du Recteur.
Présentation du secteur laïcité du SNALC
En préambule, Solange De Jésus présente le secteur national du SNALC dédié aux principes et valeurs de la République, ses actions en faveur de laïcité, comprenant congrès, formations, publications, ainsi que l’accompagnement et la protection des personnels dans l’exercice de leur mission laïque. Elle explique que le SNALC a toujours été un grand défenseur de l’école laïque. Il a notamment été le seul syndicat d’enseignants à avoir voté, en son temps, pour la loi de 2004. M. le Recteur remarque que le SNALC est la seule organisation syndicale à posséder un secteur entièrement voué à la laïcité.
Application du principe de laïcité dans l'académie
Au niveau de l’académie, Solange De Jésus observe que la laïcité scolaire n’est pas toujours appliquée avec rigueur. De crainte de n’être pas entendus par leur hiérarchie, il n’est pas rare que certains collègues n’osent s’exprimer lorsqu’ils assistent à des atteintes au principe de la laïcité. Et lorsqu’ils le font, il arrive qu’aucune suite ne soit donnée à leur signalement au niveau de l’établissement ou école. S’ajoutant aux contestations d’enseignement qui sont un phénomène d’ampleur, la défaillance du soutien hiérarchique contribue à l’autocensure chez les professeurs, ce qui peut avoir parfois des conséquences directes sur l’enseignement des programmes. M. le Recteur rétorque que la laïcité concerne en effet tous les programmes, et qu’il convient encore et toujours de « légitimer » son principe au travers d’actions diverses.
Le SNALC évoque aussi le problème que pose la remise en question de la laïcité scolaire par certains personnels, certes minoritaires. M. le Recteur reconnaît qu’il existe comme une scission en salle des professeurs. Deux camps se font face dont l’un n’a pas compris le bien-fondé de la loi du 15 mars 2004 et considère cette loi comme intrusive, voire liberticide. D’où la nécessité d’un référent académique laïcité.
Les référents laïcité
Cependant, répondant à la question du SNALC, M. le Recteur explique que les référents laïcité ne sont pas tenus d’accomplir un nombre d’heures déterminés à l’avance, la mission étant fluctuante. Le SNALC, en revanche, revendique que ces personnels soient au contraire missionnés à temps plein afin de pouvoir se consacrer entièrement à proposer une aide effective aux équipes éducatives dans tous les territoires.
Parallèlement au développement du réseau des référents laïcité en EPLE et écoles, le SNALC plaide pour la mise en place d’ateliers entre pairs qui leur seraient destinés. Cela permettrait de favoriser des échanges de pratiques fructueux entre ces indispensables personnels-ressources. Monsieur le Recteur admet qu’il convient de réfléchir à la formation des référents laïcité. Il prend note de cette suggestion et dit qu’il tentera de la mettre en place.
Solange De Jésus fait alors remarquer que le rejet de la Loi du 15 mars 2004 est assez marqué chez les élèves. Cela rend la transmission des valeurs républicaines particulièrement ardue pour les personnels qui ont besoin d’outils pour apporter les réponses adéquates aux multiples contestations.
La formation des personnels
Or, selon les remontées de terrain qui parviennent au SNALC, il s’avère que les formations dispensées sont souvent jugées trop théoriques par les collègues, c’est-à-dire insuffisamment axées sur des cas concrets d’atteinte à la laïcité.
M. le Recteur nous informe alors que l’équipe EAVR a le projet de former à la fonction de référent laïcité des AED, des AESH, voire des administratifs. 3 heures du temps de formation intercatégorielle (excepté pour les agents territoriaux) seraient également consacrées à l’étude de cas concrets dans les formations dispensées dans notre académie. Fin 2024, 70 % des personnels de l’académie auraient d’ores et déjà été formés à la laïcité, l’objectif étant d’atteindre les 100 % en juin 2025, conformément au plan national de formation quadriennal sur la laïcité lancé en 2021.
Solange De Jésus rappelle à ce moment que des formations à la laïcité ont été annulées l’an passé, ce à quoi Monsieur le Recteur répond que l’académie a dû faire face à un manque de formateurs, mais que la volonté du ministère est bien de former tous les personnels à la laïcité et qu’il n’entend pas en dévier.
Solange De Jésus fait alors remarquer qu’il existe de nombreux établissements qui n’ont pas nommé de référent. Marie-Christine Loeuille souligne que ce sont les professeurs d’histoire-géographie qui sont en règle générale pressentis pour remplir cette mission. Or, ils ne sont pas forcément volontaires ! Le SNALC rappelle que tout personnel peut exercer cette mission – qui exige d’être rémunérée!
Réponse de M. Le Recteur : On demande énormément de choses aux chefs d’établissement, entre autres de nommer de toutes sortes de référents (référent culture, référent égalité filles / garçons, référent numérique, etc). Or, il convient de « prioriser », c’est-à-dire de désigner des référents dans des domaines sans lesquels l’établissement ne pourrait pas fonctionner, par exemple dans le domaine numérique. Mais pour le SNALC, une telle surenchère de « priorités » ne fait que desservir les finalités de l’école laïque.
La minute de silence
Le SNALC déplore l’arrivée bien trop tardive des consignes quant à la tenue de l’hommage dédié à Samuel Paty et Dpminique Bernard, le lundi 14 octobre dernier. Conséquence : la plupart des équipes éducatives n’ont pas eu le temps de s’y préparer, et de nombreux établissements et écoles, dans l’attente des consignes du Ministère, ont refusé de prendre l’initiative de la minute de silence.
M. Le Recteur éclaircit ce point en précisant que « la commande institutionnelle » est arrivée tardivement, l’instabilité gouvernementale n’étant pas étrangère à ce délai. Il précise que cela ne doit pas nous empêcher d’incarner la laïcité en permanence ! Pour le SNALC, il est impensable que l’Ecole puisse hésiter à dédier ce temps d’hommage à nos collègues assassinés. À travers eux, c’est elle qui a été attaquée. Elle doit donc affirmer avec force ses valeurs que portaient admirablement Samuel Paty et Dominique Bernard.
À la fin de l’audience, le SNALC remercie M. le Recteur pour la qualité de ces échanges ouverts et constructifs.