Les mesures de « revalorisation » salariale en faveur des enseignants décidées par le gouvernement et annoncées en avril 2023 ont été abondamment commentées dans les médias. Ces mesures – catégorielles – se sont essentiellement traduites par le doublement de la part fixe de la prime ISOE ou ISAE dont les effets seront visibles sur notre fiche de paie de septembre, la mise en place d’une nouvelle part fonctionnelle de cette prime – part que ne toucheront que les personnels qui assureront les désormais fameuses missions liées au Pacte – ainsi que le relèvement de la prime Grenelle ou « prime d’attractivité » versée à environ 58% des collègues, précisément à ceux situés entre le premier et le neuvième échelon de la classe normale.
Parallèlement, au début de l’été et dans le cadre des rencontres salariales avec les acteurs de la Fonction Publique, le gouvernement a annoncé un certain nombre de mesures visant à « compenser » les effets de la hausse généralisée de l’inflation. Les mesures qui concerneront tous les agents et donc collatéralement les enseignants sont l’augmentation du point d’indice de 1.5% – revalorisation effective au 1er juillet 2023 – et l’attribution de 5 points d’indice supplémentaires en janvier 2024. Sachant que la valeur du point d’indice, qui sert de base au calcul de nos salaires et traitements, est actuellement de 4.92278 euros brut, il ne faut pas espérer un gain significatif de cette mesurette.
Il a par ailleurs été décidé d’attribuer une prime « pouvoir d’achat » à environ 50% des agents de la FPE. Cette prime dégressive de 800 à 300 euros ne sera versée avant la fin de l’année qu’aux agents touchant moins de 3250 euros brut par mois. Cette mesure spécifique pour les début et milieu de carrière conduira à resserrer encore davantage les écarts de rémunération entre les entrants dans le métier et les collègues « chevronnés » et ne contribuera pas à restaurer l’attractivité de nos métiers, d’autant qu’il s’agit d’une prime exceptionnelle, non vouée à être reconduite.
Enfin, pendant l’été ont été publiés les décrets qui vont permettre la reconduction de la GIPA pour 2023, la revalorisation des frais de mission (augmentation du plafond des nuitées hôtelières et revalorisation du plafond de l’indemnité repas) et la participation de l’employeur dans la prise en charge des frais de transport collectif à hauteur de 75%, mesure par ailleurs cumulable avec le FMD (Forfait Mobilité Durable). Ces trois dispositifs s’appliqueront aussi au personnel de l’Éducation nationale, mais les enseignants, fonctionnaires de catégorie A, ne seront concernés ni par la mesure spécifique « bas de grille » qui prévoit d’attribuer d’ici la fin de l’année jusqu’à 9 points supplémentaires aux très bas salaires – ceux que perçoivent les fonctionnaires de catégorie C – ni par la revalorisation du barème de la monétisation des CET ( Compte Epargne-Temps, dispositif qui permet au salarié d’accumuler des droits à congé rémunéré ou de bénéficier d’une rémunération), car les enseignants sont tout simplement exclus de ce dispositif. Et ce n’est qu’en 2025 que la participation de l’Etat à notre complémentaire santé sera portée à 50%. A noter également que des négociations seraient en cours entre les acteurs du dialogue social quant à une éventuelle aide de l’Etat au financement de notre prévoyance complémentaire.
Toutes ces mesures vont certes dans le bon sens, mais seule une augmentation significative de la valeur du point d’indice est à même de compenser réellement la perte de pouvoir que subissent tous les agents de la Fonction publique et le déclassement qu’elle entraîne. A partir de septembre, « des négociations et un groupe de travail sur la refonte des accès, des parcours et des rémunérations » vont se tenir. Le SNALC demande un relèvement significatif de la valeur du point d’indice, voire son indexation sur le taux de l’inflation qui, elle, ne faiblit pas.