Paru dans la Quinzaine universitaire n°1441
Le 15 mai 2020
Un décret paru le 5 avril 2020 en toute discrétion, alors que le monde avait les yeux rivés sur la pandémie, rend désormais obligatoire la certification en anglais en Licence, BTS et DUT.
Murée dans un conformisme égalitariste et une vision technicienne de la société, l’Education Nationale planifie un formatage absolu de l’apprentissage des LV. Empêtrée dans ses apories idéologiques, elle fait fi de l’opinion de l’APLV, farouchement opposée à ce projet. Mais également de l’avis défavorable rendu par le CNESER, de la pétition des enseignants-chercheurs, tout comme de diverses motions d’associations de sociétés savantes de langue dénonçant cette mesure délétère pour l’enseignement de l’anglais dans le supérieur, concurrencé de manière déloyale par une certification non universitaire, délivrée par un organe d’évaluation externe et payant de surcroît ! Nombre d’élus locaux s’indignent aussi, craignant que cela ne décourage les étudiants de s’engager dans des formations bilingues transfrontalières, aux débouchés pourtant valorisants et rémunérateurs en Europe : se soucie-t-on réellement de leur réussite ?
On constate ainsi une dichotomie entre la culture de la diversité prônée par nos dirigeants comme une richesse de la société, et l’uniformité de l’offre linguistique vers laquelle tend implacablement le système scolaire français.
Les répercussions néfastes de ce décret à visée monolinguistique et monoculturelle risquent se faire cruellement sentir dans un avenir proche : sur le choix des langues dans le second degré, dans le supérieur et, in fine, sur le nombre de postes en LV. Sans doute l’objectif de l’Éducation Nationale est-il de faire de toutes les autres langues vivantes… des langues mortes ?
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